Est-ce de l’art ? (Partie 2)

Est-ce de l’art ? (Partie 2)

Observer l’art et en faire l’expérience

[…] L’innovation joue un grand rôle dans toute œuvre susceptible de devenir de l’art. Mais même cela peut aller trop loin. L’originalité peut être telle que les spectateurs n’y comprennent plus rien. On peut être original au point de dépasser entièrement les limites de l’accord du public. Cela se produit parfois, soupçonne-t-on, lorsqu’on n’a pas effectué le travail nécessaire pour exécuter l’œuvre. Dans ce cas, différentes excuses apparaissent, la plus mauvaise de toutes étant « l’autosatisfaction » de l’artiste. On a tout à fait le droit de communier avec soi-même. Mais dans ce cas, on ne peut pas prétendre qu’il s’agit d’art si cela ne communique rien à quiconque et qu’aucune communication de la part d’autrui n’est possible.

Le troisième flux, celui de gens parlant entre eux d’une œuvre, peut aussi être considéré comme une communication. Lorsque cela se produit, c’est une contribution valable car elle fait connaître l’œuvre. On peut considérer les attitudes destructives à l’égard d’une œuvre comme un refus d’y contribuer. Certaines créations, choquantes ou bizarres au point de susciter des protestations, peuvent de ce fait s’attirer une certaine réputation et bousculer les choses. Mais si elles rencontrent un trop large refus de contribuer, elles tendent à se discréditer en tant qu’art.

Il existe aussi la question des opinions divisées à propos d’une œuvre. Certains y contribuent, d’autres refusent. Dans de tels cas, on doit examiner qui accepte et qui refuse d’y contribuer. On peut dire alors que c’est une œuvre d’art pour ceux qui y contribuent et que ce n’en est pas une pour ceux qui refusent d’y contribuer.

La critique est une sorte d’indice du degré de contribution. Il y a en gros deux genres de critiques : l’une pourrait s’appeler la « critique négative (qui tend à discréditer) », et l’autre la «critique constructive». La critique négative est bien trop répandue dans le domaine des arts, car il existe des choses telles que le « goût personnel », les critères contemporains et même, hélas, l’envie ou la jalousie. Trop souvent, la critique n’est qu’un refus individuel d’apporter sa contribution. On pourrait aussi dire que « ceux qui critiquent de façon destructive ne savent pas faire ».

La « critique constructive » est un terme souvent utilisé mais rarement défini. Mais il a son utilité. On pourrait sans doute mieux le définir ainsi : critique qui « indique une meilleure façon de faire », du moins selon l’avis du critique. Ceux qui trouvent simplement à redire sans jamais suggérer de moyen pratique de faire mieux perdent quelque peu leur droit à la critique.

L’art est probablement le moins codifié et le moins organisé de tous les domaines. Par conséquent, il possède le plus grand nombre « d’autorités en la matière ». D’ordinaire, on ne demande rien d’une « autorité », sauf de dire ce qui est bien, mal, bon, mauvais, acceptable ou inacceptable. Trop souvent, la seule qualification d’une autorité (par exemple, dans l’enseignement médiocre de certains sujets) consiste à avoir mémorisé une liste d’objets et le nom de leur créateur, des dates, ainsi qu’une vague idée de ce qu’était l’œuvre. Une «autorité» pourrait grandement améliorer son statut en utilisant des définitions de termes plus précises. La tendance moderne qui consiste à chercher la signification de ce que l’artiste a voulu dire ne risque évidemment pas de faire beaucoup avancer le domaine des arts.

Observer l’art et en faire l’expérience d’après la contribution que nous-mêmes et les autres y fournissons est une approche efficace. Il en résultera un art et une appréciation meilleurs. Il est intéressant de noter qu’un tel point de vue inclut dans le domaine de l’art des choses qui n’étaient pas considérées y appartenir jusqu’alors.

Ron Hubbard

Le texte « Est-ce de l’art ? » écrit par Ron Hubbard, est disponible dans son entièreté dans le volume de ‘La collection L. Ron Hubbard’ : Photographie : écrire avec la lumière