Un camouflet pour Georges Fenech

Un camouflet pour Georges Fenech

le projet de liste de Georges Fenech

Lu sur le site scientologues contre la discrimination

Georges Fenech voulait à tout prix publier une nouvelle liste de « sectes » qu’il appelait pudiquement « référentiel » sachant l’opposition que ce projet suscitait. Matignon vient de lui infliger un camouflet en refusant la publication de cette liste. Elle ne sera accessible qu’à des « professionnels » en faisant la demande. Toutefois, nous ne nous faisons guère d’illusion : quand on voit le peu de cas qui est fait du secret de l’instruction en France, personne ne peut croire que la fameuse liste restera longtemps réservée aux seuls « professionnels ».

En février 2008, Le Parisien, le Canard Enchaîné et Le Monde avaient fait part des vives oppositions au sein du gouvernement que le projet de liste de Georges Fenech suscitait. Le 13 février, le journal Le Parisien révélait en ces termes le bras de fer entre le président de la Miviludes et la ministre de l’intérieur, Michèle Alliot-Marie :

« La semaine dernière, Matignon a en effet reçu un courrier signé de Michèle Alliot-Marie, réclamant aux services de François Fillon de bien « cadrer » l’action de la Miviludes, après que son président, fin janvier, a émis l’idée de proposer une nouvelle orientation de la politique suivie par sa mission. Plus qu’une nouvelle orientation, en réalité, Georges Fenech a surtout l’intention d’émettre de nouveau une liste, sur le modèle de celle que la commission d’enquête parlementaire de 1995 avait établie et qui n’avait pas manqué de placer la France, au sein des instances internationales, comme une pourfendeuse de la liberté de conscience. […] Place Beauvau, le fait d’exhumer le principe même d’une « liste noire » ne passe pas. […] La ministre de l’Intérieur fait part, dans ce courrier adressé à François Fillon, de son « étonnement » face à ce changement de cap de la part de la Miviludes, « sans concertation interministérielle préalable », et pointe sévèrement du doigt la démarche : atteinte à la liberté de conscience, retour en arrière, fragilisation de la France sur la scène européenne et internationale, pointée du doigt, notamment, à chaque rapport du département d’Etat américain, mais aussi de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) sur son intransigeance en matière de liberté religieuse. « La liste, c’est le sujet qui fâche », lâche un observateur averti. »

Le Canard écrivait le 18 février 2009 :

« Georges Fenech, président de la Miviludes, s’est fait taper sur les doigts par Fillon et Alliot-Marie réunis. Motif : il voulait établir une liste des sectes opérant en France. Exercice périlleux, propice aux bavures et aux condamnations par divers tribunaux internationaux […]. » Quant au journal Le Monde, dans un article daté du 6 avril 2009 intitulé « Lutte contre les sectes : les orientations de Georges Fenech continuent de susciter des craintes », la journaliste, Stéphanie Le Bars écrivait à propos du projet de liste : « Mêmes réserves au ministère de l’intérieur qui, au nom de la ‘liberté de conscience’, préfère une politique axée sur la répression d’infractions pénales avérées à la stigmatisation de mouvements potentiellement sectaires. […] ».

Il est intéressant de noter que cette idée de liste de « sectes » publiée par un gouvernement a germé la première fois dans l’esprit des nazis. Le 28 février 1933, le gouvernement du troisième Reich dirigé par Adolf Hitler, établissait une liste de « sectes » interdites au nom de « la protection du peuple et de l’Etat ».

Parmi les mouvements interdits figuraient les Témoins de Jéhovah, les anabaptistes, les adventistes du septième jour, les Bahaïs et des églises pentecôtistes.

Les aversions de Georges Fenech

On connait l’aversion de Georges Fenech pour les Témoins de Jéhovah. Le 2 septembre 2008, le journal La Croix décrivait cette aversion en ces termes :

« Sur un tout autre plan, c’est l’attitude de Georges Fenech vis-à-vis des mouvements potentiellement sectaires qui inquiète. En 2006, il présidait la commission d’enquête sur l’influence des sectes sur les mineurs. Lors de la remise de son rapport, cette commission s’était livrée à un véritable réquisitoire contre le gouvernement, l’accusant de négligence, suspectant ouvertement le Bureau des cultes de complaisance envers les Témoins de Jéhovah, faisant état de chiffres alarmants – et invérifiables – quant au nombre d’enfants élevés dans un contexte sectaire. Pour le sociologue Raphaël Liogier, directeur de l’Observatoire du religieux d’Aix-en-Provence, le nouveau président de la Miviludes est « un homme qui est toujours parti en croisade contre les nouveaux mouvements religieux, qu’il considérait comme dangereux du fait de leurs bizarreries ». « Il a une vision inquisitoriale de la lutte contre les sectes » affirme Claude Baty. [ndlr : président de la Fédération protestante de France]. »

Dommage pour Georges Fenech qu’on soit encore en démocratie et que la Justice puisse encore dire son dernier mot !