COMMENT S’ASSURER UN EMPLOI ?  –  1ère partie

COMMENT S’ASSURER UN EMPLOI ? – 1ère partie

Par les relations familiales ? Le piston ? Le charme personnel ? La chance ? Les études ? L’application au travail ? L’intérêt ? L’intelligence ? Les capacités personnelles ?

Pour qui a vieilli et est même devenu quelque peu cynique dans le monde du travail, les premiers éléments semblent l’emporter. Seule la jeunesse paraît encore croire de façon illusoire ou à tort que les capacités personnelles, l’intelligence, l’intérêt, les études et l’application au travail y sont pour quelque chose. Et les plus cyniques voudraient même nous faire croire que ce ne sont, en effet, que les symptômes d’une verte jeunesse.

On a trop souvent vu le fils devenir contremaître et le nouveau gendre, hier encore expéditionnaire, accéder aux hauteurs du conseil d’administration. On sait d’ailleurs trop souvent que ce fils et ce gendre n’ont jamais eu, pour commencer, la moindre aptitude et que, sans crainte de sanctions, ils se soucient moins de l’entreprise que le pire des employés. Les relations familiales relèvent du hasard de la naissance — un accident plutôt que, comme cela arrive trop souvent, une condamnation à faire involontairement partie d’une famille.

Abstraction faite pour le moment des relations familiales, que reste-t-il ?

Il y a le piston. Les relations personnelles ont un rôle prépondérant quand il s’agit d’obtenir, de conserver et d’améliorer une situation professionnelle. Cela ne fait aucun doute. Un ami travaille pour la société Durand-Dupont, il sait qu’il y a un poste vacant, l’ami a d’autres amis qui ont d’autres amis, de sorte qu’on peut s’installer dans la société Durand-Dupont et y travailler avec une sécurité relative et en nourrissant des espoirs de promotion.

Puis, il y a le charme personnel. Que de fois a-t-on vu la jeune dactylo, incapable d’écrire « chat », élevée soudain, les doigts engourdis sur le clavier de sa machine, au poste de secrétaire particulière du patron où, toujours incapable d’orthographier « chat », elle peut sûrement épeler « augmentation », augmentation à nouveau et peut-être même « restaurant quatre étoiles » ou «collier de diamants». Et on a également vu le jeune homme « présentant bien » réussir mieux que ses aînés parce qu’il savait peut-être raconter la bonne plaisanterie ou jouer un petit peu moins bien au golf.

On a vu aussi le facteur des études être faussé dans les entreprises et les gouvernements et l’on a vu le professionnel ayant acquis, au prix de sa vue, une connaissance inestimable, se voir supplanté par un individu quelconque n’ayant pour tout certificat qu’un diplôme d’arriviste. On a vu la folie des ignares commander la multitude, alors que les sages n’en conseillaient qu’une poignée.

De même, l’application au travail ne semble guère avoir de place pour les quelques cyniques parmi nous qui ont tout vu. L’empressement de la jeunesse à s’échiner au travail est trop souvent freiné par l’ancien qui dit : « Pourquoi te mettre en nage, jeunot ? De toute façon, ça revient au même. » Et peut-être est-on resté après l’heure, s’est-on barbouillé d’encre ou attardé à son poste plus qu’on n’y était obligé, pour constater ensuite que la meilleure paie va au paresseux méprisé. Ce n’est pas juste, s’est-on dit, loin de là.

Et l’intérêt, on l’a vu, ne mène à rien non plus. Après s’être absorbé dans le jeu mortel de l’entreprise ou du service où les rivalités obligeaient à négliger sa femme ou sa vie, après avoir travaillé toute la nuit et consacré ses loisirs à trouver des solutions pour sauver l’entreprise, après les avoir présentées et les avoir vues négligées, et après avoir, quelque temps plus tard, observé que son ou sa collègue qui ne s’intéressait qu’à un homme ou à l’« oseille» et non à l’entreprise, parvenait aux postes supérieurs, on a eu, semble-t-il, quelque raison d’être moins intéressé. L’intérêt porté à son travail a été condamné par ceux-là mêmes qui, ne le comprenant pas, se lassaient d’en entendre parler.

Devant tant de désillusions, l’intelligence semble n’avoir aucun rapport avec nos destinées. Lorsqu’on voit les idiots régenter les masses, lorsqu’on voit accepter des projets et des décisions que même les enfants des travailleurs auraient réprouvés, on peut s’interroger sur le rôle de l’intelligence. Mieux vaut être sot, pourrait-on en conclure, que de toujours se révolter contre les niaiseries qui, dans l’entreprise, passent pour de la planification.

Face à ce torrent, cette confusion chaotique de motifs aléatoires d’avancement et d’augmentations de salaires, avoir des capacités personnelles peut paraître du gaspillage. On a vu ses propres capacités gaspillées. On a vu celles d’autrui méprisées. On a vu l’incompétence mener au succès, la compétence à l’oubli, voire au chômage. Aussi pour nous, petits rouages dans la machine grinçante des affaires, les capacités personnelles pourraient sembler ne plus avoir l’importance que nous avions pu leur prêter autrefois. Partout, il faut alors s’en remettre à la chance, et rien qu’à la chance, jusqu’à la fin.

Il pourrait donc apparaître, même à l’observateur « expérimenté », que l’obtention, la conservation et l’amélioration d’un emploi relèvent d’une multitude chaotique de causes qui échappent toutes à notre volonté. À la place d’une prévision ordonnée, nous acceptons comme destinée une succession incohérente d’ «imprévus».

Nous faisons un effort. Nous mettons des vêtements corrects et propres pour trouver un emploi, nous nous rendons chaque jour à notre travail, nous brassons des papiers, nous manipulons des paquets ou les pièces d’une machine en espérant assez bien faire, nous rentrons chez nous au milieu de l’encombrement des transports et nous nous préparons à trimer encore le lendemain.

De temps à autre, nous entreprenons un cours par correspondance, histoire de prendre une légère avance sur nos collègues… et le laissons souvent tomber sans l’avoir terminé. Il semblerait que nous ne soyons même pas capables de faire ce petit peu qui nous aiderait à lutter contre cette marée d’imprévus.

Nous tombons malades. Nous n’avons plus de congés de maladie. À peine remis, nous nous retrouvons sans travail. Nous devenons les victimes d’une cabale fortuite ou de la médisance et nous n’avons plus de travail. Nous nous voyons imposer des tâches que nous ne pouvons pas faire et nous voilà encore sans travail. Nous devenons trop vieux, passant le temps à nous souvenir que nous étions autrefois rapides et un jour nous n’avons plus de travail.

Le lot de tout homme dans le monde du travail quotidien est l’incertitude, alors que son but est la sécurité. Peu de gens parmi nous atteignent ce but. Les autres s’inquiètent de jour en jour, d’année en année, de leur capacité à trouver un travail, à le conserver et à améliorer leur sort. Bien trop souvent, nos pires craintes se réalisent.

Il était un temps où nous pouvions lever nos regards vers les riches et les envier. Maintenant les impôts qui nous accablent ont réduit même leur nombre, en dépit de l’habileté de leurs experts-comptables. États et gouvernements surgissent et nous promettent la sécurité pour tous puis nous imposent des restrictions qui semblent ébranler celle-ci.

De nouvelles menaces viennent jour après jour s’imposer à notre conscience. Un monde dans lequel règne la machine fait de l’Homme un rouage. On nous parle de progrès qui vont rendre le travail de milliers d’entre nous inutile. Et ainsi nous mourons de faim.

La publicité, dans les transports, dans les journaux, dans la rue, à la radio ou à la télévision, nous assaille de toutes sortes de choses à posséder. Peu importe le plaisir qu’on puisse avoir à les posséder, nous, les hommes qui les fabriquons, ne parvenons pas à les posséder — sûrement pas avec nos salaires ! Quand vient Noël, nous avons presque honte du peu que nous pouvons acheter et nous faisons durer le manteau une année de plus. Les années passent sans que nous rajeunissions. Nous avons à tout moment à faire face aux événements fortuits susceptibles d’assurer ou de briser notre avenir. Il n’y a rien d’étonnant à ce que nous ne croyions qu’à la chance.

Voir partie 2

Ce texte est tiré du livre « Les problèmes du travail » de L. Ron Hubbard
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