Qu’est-ce que la Sciento au juste ?

Cultures & Croyances, mais qu'est-ce que la Sciento ?Eric Roux, Porte Parole de l’Eglise de Scientologie en France a été interviewé par l’équipe de Cultures & Croyances sur « Mais qu’est-ce que la Sciento’ au juste ? »

 

La France a une approche bien particulière du phénomène sectaire. La scientologie est répertoriée comme secte en France. Avez-vous le même statut au sein des autres pays de l’Union Européenne ?

La France est censée être un pays laïc qui garantit la liberté de culte à tous les citoyens. Malheureusement, ce qui existe sur le papier n’est pas forcément une réalité pour tous. La scientologie, en fait, n’est pas plus répertoriée comme « secte » qu’elle n’est répertoriée comme religion dans l’hexagone, puisque ni le mot « secte » ni le mot « religion » n’ont de définition juridique, et que l’Etat Français ne reconnaît aucun culte. En 1996, un rapport avait été publié par quelques parlementaires, dans lequel une « liste de 172 sectes » était dressée. Dedans étaient jetés pêle-mêle des églises baptistes, des groupes bouddhistes, l’Eglise de scientologie, etc. Cette liste, sans aucune valeur juridique, a été énormément critiquée par les institutions internationales, au point où en 2005, le Premier Ministre de l’époque avait publié une circulaire pour faire cesser son utilisation. Il faut quand même se rendre compte que la dernière « liste des sectes » en Europe avait été publiée le jour du Reichstagsbrandverordnung, c’est à dire l’ordonnance du 28 février 1933, par le gouvernement d’Adolph Hitler.

La scientologie en France est une religion au même titre que les autres religions présentes dans l’hexagone, et ceci même si certains médias se plaisent à jouer le jeu de ceux qui font leur beurre sur le rejet de l’autre. La secte, c’est la religion dont on veut se débarrasser, bien souvent pour des motifs qui échappent à l’honnêteté…

En ce qui concerne nos voisins européens, il est intéressant de noter qu’en Espagne, la scientologie est reconnue comme une religion, comme elle l’est au Portugal, en Italie, en Suède, en Autriche, et même en Allemagne ou les plus hautes juridictions l’ont reconnue comme telle. Aux Pays-Bas, elle est non seulement reconnue comme une religion, mais depuis le 17 Octobre 2013, elle est aussi reconnue comme étant d’utilité publique. En Angleterre, la Cour Suprême du Royaume-Uni l’a non seulement reconnue comme une religion, mais a en outre décidé que les mariages célébrés dans les chapelles scientologues avaient valeur légale, par une décision historique du 11 décembre 2013. Donc, alors que la scientologie existe officiellement en France depuis 1959, je pense qu’il serait temps de se poser des questions, cesser les amalgames fâcheux et essayer d’apprendre aussi de nos voisins.

 Comment alors expliquez-vous cette défiance de la France vis-à-vis de la scientologie ?

Je pense qu’il y a de nombreux facteurs en jeu. Tout d’abord, ne nous voilons pas la face, sans mauvais jeu de mots puisqu’on parle de liberté de croyance, toutes les religions minoritaires sont combattues et souffrent quelque part de l’intolérance de ceux qui les voient comme des menaces au statu quo. Et toutes les religions ont été extrêmement combattues pendant leur phase de développement. Il n’y a qu’à penser au Christ crucifié et aux chrétiens jetés en pâture aux lions pour s’en convaincre. Ou au prophète Mahomet chassé de la Mecque par les tenants du polythéisme régnant à l’époque.

De plus, la France a un passé extrêmement conflictuel en ce qui concerne la liberté de croyance. Le massacre des Cathares, la Saint Barthelemy, les exactions contre les catholiques pendant la terreur, le conflit exacerbé et les tensions qui ont précédé la loi de 1905, sont autant de preuves de l’existence d’un conflit permanent dans la société française lorsque l’on parle de religion et de liberté de conscience. Bien-sur, il est temps d’évoluer, mais les habitudes ont la dent dure…

Et au-delà de ces considérations d’ordre sociologique, il y a des éléments actuels et factuels qui montrent que certaines personnes ont fait un fonds de commerce des polémiques sur les soi-disant sectes : beaucoup de médias, des associations qui sont payées des centaines de milliers d’euro par an par l’Etat et doivent justifier de leur existence, des fonctionnaires qui travaillent dans des services de l’Etat comme la Miviludes (Mission Interministérielle de vigilance et de lutte contre les Dérives Sectaires) et ne veulent pas la voir disparaître, des députés et sénateurs dont on découvre qu’ils sont rémunérés par l’industrie pharmaceutique, etc. Ces gens là suivent un programme qui sert des intérêts privés et s’appuient sur une idéologie de la peur et du rejet pour protéger leurs intérêts.

A coté de cela il faut un certain temps à une religion nouvelle pour se faire connaître et battre en brèche les préjugés et les rumeurs qui circulent sur son compte, surtout quand les médias ne s’intéressent qu’aux polémiques et jamais à la réalité des choses. Il y a ce qu’on pourrait appeler une sorte de « retard culturel » qui fait qu’une société met longtemps à accepter le progrès, le changement.

L’interview continue sur le site Cultures & Croyances