Ma seule défense pour avoir vécu (partie 3)

Ma seule défense pour avoir vécu (partie 3)

[…] J’ai écrit, j’ai vécu, j’ai voyagé, j’ai prospéré, j’ai appris. Malheureusement, je ne pouvais m’empêcher de faire des choses spectaculaires… encore qu’elles ne me semblaient pas spectaculaires à moi, jusqu’à ce que je les voie à travers les yeux des autres. J’ai alors veillé à limiter le récit de mes aventures, à me concentrer sur la connaissance de l’homme pour être en mesure de l’aider de mon mieux, préférant ne plus voir d’yeux écarquillés par l’incrédulité, voire la stupeur lorsque, par exemple, quelqu’un me présentait au Club des Explorateurs comme ayant attrapé un ours kodiak au lasso, escaladé un volcan pour observer son éruption de près, ou accompli tout autre exploit. Je suis devenu discret sur les anecdotes en tout genre. Mais j’observais et je vivais la vie afin d’en faire l’expérience, et ce qui m’arrivait à moi était tout à fait secondaire.

Lorsque vous vous faites pratiquement assiéger par un groupe d’écrivains en herbe pour avoir fait mention du fait que vous écriviez plus de 300 pages par mois, quand vous dites ce qui vous paraît être une vérité toute simple pour découvrir ensuite que les autres considèrent cela comme un exploit extraordinaire et invraisemblable, vous devenez de plus en plus prudent quand il est question de raconter les événements qui jalonnent votre vie quotidienne. Vous en concluez que les autres n’ont pas le même genre de vie quotidienne et, ne voulant pas paraître trop étrange, vous en dites simplement moins. Et quand vous dites quelque chose, vous dites ce que vous espérez être ordinaire et gentiment divertissant.

Les matériaux pour une autobiographie abondent. Mais quels lecteurs croiraient en la sincérité d’un tel récit ? Je n’en ai donc jamais écrit et je n’en écrirai jamais. Elle semblerait bien, bien trop invraisemblable. Je me suis donc abstenu d’écrire des tomes entiers sur moi-même et mes aventures, non pas que j’aie fait quoi que ce soit de mal, mais parce que c’était sans importance et que, de toute façon, personne n’aurait cru mes histoires.

Ainsi, sans le vouloir vraiment, j’ai laissé planer un peu de mystère que d’autres, mal intentionnés, ont pu arranger au gré de leur imagination. Ce n’était pas dans mes intentions. Il n’était pas dans mes intentions de devenir une légende. Je voulais simplement connaître l’homme et le comprendre. Peu m’importait d’être compris par l’homme tant qu’il se comprenait lui-même.

Dans mon projet, je n’avais qu’une importance secondaire. Certains disent que c’est dommage, mais je ne le pense pas. Je n’ai pas vécu pour être compris, mais pour comprendre. Le reste est sans importance. Il y a longtemps que j’ai cessé de me défendre contre les mensonges et les calomnies qui pouvaient se répandre. Certains trouvent cela bizarre. Mais comment contrôler les divagations d’une presse qui ne vous interviewe jamais ?

Faut-il condamner et combattre chaque rumeur ou mensonge ? J’ai depuis longtemps compris que je n’en avais pas le temps. Tout comme je me suis rendu compte que je n’avais pas envie d’arrêter le discours de l’homme ou de le punir pour ce qu’il était et pour penser ce qu’il pensait.

J’ai appris de bonne heure que c’était folie de combattre le haineux. Un jour, jeune adolescent, j’ai été expulsé d’une île par un gouverneur lugubre et menaçant sous prétexte que j’étais toujours heureux et souriant. C’était là toute l’accusation.

Alors que faut-il faire ? Chercher vengeance et souhaiter la mort aux hommes parce qu’ils sont ignorants, bornés ou intolérants ? Pas quand on a pour mission de comprendre et d’aider les hommes.

Doit-on se défendre contre les mensonges et l’infamie lorsqu’on est déjà trop pris par son travail ? Il faut choisir ce qu’on veut faire. Et le faire. Tout le reste n’est que futile distraction. Les menaces à mon égard n’ont pas d’importance dans tout cela. Je savais que j’atteindrais mes buts. Je le savais depuis longtemps.

Je n’ai été qu’une seule fois effrayé par l’immensité de ce qu’impliquait la compréhension de l’homme. C’était vers la fin des années trente, après avoir isolé ce qui se révéla être le principe dynamique de l’existence et m’être rendu compte de ce que cette découverte allait engendrer. Je me suis rappelé que d’ordinaire, l’homme crucifiait quiconque lui apportait de la sagesse ou l’aidait véritablement.

Cela m’a effrayé pendant un moment. Mais je me suis rendu compte que j’avais cherché une réponse pendant de trop nombreuses années pour abandonner maintenant. J’ai alors accepté cette condition. Et je n’ai pas arrêté ma progression par crainte personnelle.
[…]

Voir partie 4

Le texte Ma seule défense pour avoir vécu est disponible dans son entièreté dans le livre « Philosophe et fondateur l’âme humaine redécouverte » de La collection L. Ron Hubbard.